L'érosion côtière résulte de la conjonction de facteurs d'origines naturelles et humaines.
Parmi les causes non anthropiques, on peut citer1&2 :
De plus, le littoral est depuis toujours le lieu privilégié d'installation de ports, de villes et d'activités industrielles. Ces pressions humaines causent de profondes perturbations du rivage et des écosystèmes littoraux. Ces perturbations agissent conjointement et placent les plages dans une situation précaire. A titre d'exemple, on peut citer1&2 :
Différents moyens existent pour lutter contre le phénomène de l'érosion côtière. D'une part, les méthodes dites passives, très utilisées, qui correspondent à la construction d'ouvrages lourds en mer ou sur le rivage. Ces ouvrages, tels que les épis et les brise lames, demandent un investissement élevé mais leur coût d'entretien est faible2 . Ces aménagements peuvent localement ralentir l'érosion des plages mais souvent l'aggravent ailleurs et, qui plus est, parfois en détériorant le paysage. À présent, des méthodes dites actives sont proposées afin de stabiliser le phénomène d'érosion côtière. Il s'agit d'aménagements dynamiques dont l'impact sur l'environnement est beaucoup moins important que celui des ouvrages massifs. Ils sont généralement moins onéreux à l'investissement mais plus chers à l'entretien2 . Il s'agit du remodelage de l'estran, du rechargement des plages par apports artificiels de sable, de la réhabilitation et de la création de dunes, etc.
D'après le programme européen CORINE Erosion côtière (Coordination des Informations sur l'Environnement), 45% des rivages français sont stables, 24% sont en recul et 11% en engraissement (les 20% restants étant exclus de la nomenclature ou non répertoriés). Par contre, en Manche et Mer du Nord, c'est 30% du linéaire côtier qui subit une érosion confirmée dont 50% correspondent à des plages et 28% à des côtes rocheuses4.
En Basse-Normandie, 38% du rivage est en recul ce qui place la région en 5ème position après le Nord-Pas de Calais (74%), la Haute-Normandie (55%), la Picardie (41%) et l'Aquitaine (39%)4 .
Un suivi du littoral est réalisé dans la Manche et le Calvados par le GRESARC (Groupe de Recherches sur les Environnements Aménagés et les Risques Côtiers) pour le compte des conseils généraux des deux départements, et avec le soutien du Conseil Régional de Basse-Normandie.
Le suivi du littoral dans le Calvados a débuté en 1995 sur 35 stations de mesure réparties sur 7 secteurs et qui couvrent 18 communes littorales.
La côte de Grâce
Sur la commune de Pennedepie, la situation est variée avec une évolution du trait de côte, entre 1995 et 2004, de +0,3 m au lieu-dit "La sergenterie", de +8,4 m à 1250 m à l'est de l'accès à la plage et un recul de -2,8 m à 630 m à l'est de cet même accès.
De l'Orne à la Dives
Sur la commune de Merville-Franceville-Plage, le lieu dit "Le Hôme" présente un recul modéré de -0,8 m depuis 1995. Par contre, c'est un recul de -6,2 m qui est observé au lieu-dit "Le Hôme-Merville" avec une stabilisation en 2003. A Varaville, l'évolution du trait de côte est assez stable avec +1,7m aux "Dunes", +0,3 m près du lieu-dit "Le Hôme" et +4,1 m au lieu-dit "Les panoramas".
De la Seulles à l'Orne
Au niveau de la station de Courseulles-sur-Mer, le trait de côte a très peu varié entre juin 2001 et avril 2002. En 2003, un léger recul de -0,4 m a été observé. Cependant, depuis le début des suivis, le trait de côte a progressé de +2,7 m en raison du confortement artificiel de la dune à l'aide de deux remblais successifs. Par contre, à Bernières-sur-Mer, le bilan depuis 1995 se traduit par un recul de -1,6 m.
Gold Beach - secteur est
Au niveau du camping de la commune de Graye-sur-Mer, le trait de côte est en fort recul avec -17 m depuis le début des suivis.
Gold Beach - secteur ouest
A Meuvaines, à 200 m à l'est de la zone urbanisée d'Asnelles, le trait de côte a peu évolué (±0,5 m/an). Par contre, à 1250 m à l'est de cette même zone, le bilan indique un recul global de -6,8 m malgré une stabilisation du trait de côte en 2003. Sur la commune de Ver-sur-Mer, une progression est observée avec +1,8 m entre novembre 1995 et janvier 2004.
Omaha-Beach
A Colleville-sur-Mer, au pied du cimetière américain, le recul global du trait de côte depuis 1995 atteint -6,7 m avec une tendance annuelle de -0,4 m/an.
De la pointe du Groin à Grandcamp-Maisy
La commune de Géfosse-Fontenay présente un bilan positif aux lieu-dits "Le Wigwam" et "Le Casino" avec des avancées du trait de côte respectivement de +9,5 m et +2,7 m depuis 1995. Par contre, malgré une avancée de +2,1 m en 2003, la station située à "La Dune" présente un recul de -18,1 m depuis 1995.
Le suivi du littoral du département de la Manche, qui concerne 150 stations, a débuté en 1991 sur la côte ouest du Cotentin entre le cap de Carteret et le bec d'Andaine, en 1996 sur la côte est, nord-est et nord Cotentin d'Utah-beach à Urville-Nacqueville et en 1997 sur la côte nord-ouest du Cotentin entre le cap de Carteret et Vauville.
Le secteur de la côte Est (de Sainte-Marie-du-Mont au sud à Montfarville au nord) présente une avancée globale du trait de côte, mais avec quelques reculs localisés comme à Sainte-Marie-du-Mont où est menacé le musée du débarquement et à Réville où la présence d'habitations récentes situées directement en arrière du trait de côte est préoccupante. De plus, à Aumeville-Lestre, entre 1996 et 2004, le trait de côte a reculé à une vitesse moyenne de 6,4 m/an mais sans qu'aucun bien ne soit menacé.
Sur la côte Nord, les communes de Fermanville et Tourlaville présentent une avancée du trait de côte de +0,7 à +1,2 m/an entre 1996 et 2004. Par contre, le site sensible correspond au littoral de la commune d'Urville-Nacqueville. En effet, cette zone est caractérisée par un recul du trait de côte de 0,1 à 0,5 m/an pouvant constituer une menace pour les zones habitées.
La cote Nord-Ouest, de Vauville au nord aux Moitiers d'Allonne au sud, est caractérisée par un recul du trait de côte quasiment généralisé. Entre 1997 et 2004, les reculs les plus importants ont été observés à Biville (-3,4 m/an) et à Surtainville (-1,5 à '2,1 m/an).
La côte Centre Ouest qui s'étend de Barneville-Carteret au nord à Blainville-sur-Mer au sud, a une tendance générale au recul de la ligne de rivage depuis 1992. A Créances, le recul du littoral a atteint '12,2 m/an entre 1992 et 2004. Par contre, en 2004, une avancée du trait de côte est observée sur 29 stations pour un total de 40 sur ce secteur.
Enfin, sur la côte Sud Ouest (de Agon-Coutainvile à Genêts), le site sensible est la commune de Montmartin-sur-Mer où se présente un risque de submersion de la zone urbanisée au nord de Hauteville-sur-Mer en cas de formation d'une brèche. Le recul du trait de côte atteint 178,4 m depuis 1992. Cependant, de Bricqueville s/Mer au nord de Donville-les-Bains, le trait de côte a progressé à l'exception d'une station à Bréhal. A Genêts, le trait de côte recule à une vitesse de -20,4 m/an depuis 1992 .
Sources :
1 PASKOFF R., 1994, Les littoraux ? Impact des aménagements sur leur évolution, Paris, Masson, 2ème édition, 256p.
2 L'érosion du littoral : comprendre le phénomène
3 PASKOFF R., 1993, Côtes en danger, Paris, Masson, 250p.
4 Institut Français de l'Environnement (IFEN)
5 Conseil Général du Calvados : suivi de l'évolution du littoral
6 Direction départementale des territoires et de la mer de la Manche
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Mise à jour : 31/12/2014