État chimique

Les activités anthropiques qui s’exercent sur les bassins versants, le littoral et en mer déversent de façon chronique de nombreuses substances chimiques qui peuvent avoir un impact sur l’environnement et/ou la santé humaine (ingestion de coquillages contaminés, altération de la qualité des eaux de baignade), et engendrer une perte de biodiversité des écosystèmes. ...

Pour atteindre un bon état chimique dans toutes les masses d’eau, la Directive Cadre sur l’Eau impose :

  •  la réduction progressive de la pollution par les substances identifiées comme « prioritaires »,
  •  la suppression sur le long terme des rejets de substances « dangereuses prioritaires ».

L'objectif de la surveillance des contaminants chimiques selon la DCE est d'évaluer les niveaux de contamination pour qualifier l’état chimique, et d’apprécier l’évolution des tendances des concentrations (substances potentiellement bio-accumulables).

A noter que les concentrations en substances chimiques sont également considérées dans le cadre de l’évaluation du bon état écologique au titre du descripteur 8 « contaminants dans le milieu » (critère D8C1) de la DCSMM.

Quelles substances ?

Les substances prioritaires (ainsi que les substances « dangereuses prioritaires ») sont listées dans l’annexe X de la directive 2000/60/CE. Ces substances appartiennent à plusieurs familles de contaminants : métaux, pesticides, hydrocarbures, autres polluants organiques industriels.

Cette liste n'est pas figée, et de nouvelles substances ont été ajoutées dans l’annexe I de la directive 2013/39/UE du 12 août 2013.

Support / matrice

Lors du premier cycle de surveillance DCE, le suivi des contaminants chimiques a été réalisé mensuellement dans l’eau durant une année du plan de gestion, sur l’ensemble des bassins (sauf Méditerranée et DOM). Des suivis ont également eu lieu dans le biote et le sédiment : les résultats de ces analyses avaient permis de compléter les connaissances sur l’état chimique des masses d’eau et pouvaient, le cas échéant, conforter le dire d’expert. A la lumière des résultats obtenus lors du premier cycle de surveillance, le suivi des contaminants chimiques dans la matrice « eau » ne s’est par la suite pas poursuivi lors du 2ème cycle.

En effet, compte tenu d’une part des difficultés d’échantillonnage et d’analyse pour des substances potentiellement présentes à l’état de trace en milieu marin, et d’autre part de la faible représentativité spatiale et temporelle des échantillons d’eau, l’acquisition de résultats dans des matrices intégratrices (biote, sédiment, voire échantillonneurs passifs) est apparue plus appropriée pour la plupart des substances concernées par l’évaluation de l’état chimique des masses d’eau.

Évaluation de la qualité chimique de la masse d’eau

La DCE distingue deux états chimiques possibles, par référence à des limites établies soit pour la substance considérée individuellement, soit pour une famille de substances. On parle ainsi de « bon état chimique » lorsque les concentrations mesurées dans le milieu sont statistiquement inférieures à la limite réglementaire, et de « mauvais état chimique » dans le cas contraire.

Ces limites, appelées « Normes de Qualité Environnementales » ou NQE, sont précisées l’annexe 2  de la directive 2013/39/UE du 12 août 2013 et sont déterminées, pour la majorité des substances, relativement à la matrice « eau ».  On distingue principalement deux types de NQE :

  • La NQE-CMA qui représente la Concentration Maximale Admissible (µg/L) dans l’eau ;
  •  La NQE-MA qui présente la Concentration Moyenne Annuelle à ne pas dépasser (µg/L) dans l’eau,

En complément, pour certaines substances ou famille de substances, une NQE biote est parfois définie dans la directive 2013/39/UE. Celle-ci correspond alors à une concentration maximale mesurée dans les poissons voire, à de rares exceptions (ex : fluorantène, HAP), dans les mollusques ou les crustacés.

Compte tenu des difficultés rencontrées lors du premier cycle DCE pour la mesure directe des contaminants chimiques dans l’eau, les travaux se sont ces dernières années orientées vers une définition de valeurs seuils adaptées à la matrice biote, et déterminées de façon à être au moins aussi protectrices que les NQE « eau marine ».

Ainsi, pour l’état des lieux DCE établit en 2019, la matrice biote a été retenue en priorité pour les substances « hydrophobes », en utilisant par ordre de priorité les valeurs seuils suivantes :

  1. les NQE biote existantes telles que définies dans la directive 2013/39/UE,
  2. des Valeurs Guides Environnementales (VGE) proposées par l’Ifremer pour les mollusques bivalves,
  3. à défaut, les seuils utilisés dans le cadre des conventions des mers régionales (OSPAR et Barcelone).

Par ailleurs, et bien que les questions de normalisation ne soient pas encore complètement résolues pour l’interprétation des résultats, les concentrations de certains contaminants dans la matrice « sédiment » ont pu être été utilisées pour l’évaluation des tendances, ou pour compléter l’expertise sur l’état chimique des masses d’eau.

Enfin, en particulier pour la caractérisation de l’état chimique des masses d’eau littorales dans les DOM, les travaux exploratoires sur les échantillonneurs intégratifs ou passifs ont été exploités et ce, bien que cette méthodologie ne soit à l’heure actuelle pas validée par la Commission Européenne.

Pour les masses d’eau disposant de plusieurs sites d’évaluation représentatifs de l’état de la masse d’eau, l’état chimique de celle-ci correspond à l’état chimique de la station la plus déclassant

Agrégation des concentrations obtenues pour chaque substance

Les modalités d’agrégation de ces deux Normes de Qualité Environnementale sont décrites dans l’annexe 8 de l’arrêté du 27 juillet 2015 relatif aux méthodes et critères d’évaluation de l’état écologique ; elles sont représentées par le schéma ci-dessous. L’état chimique est défini par 2 classes de qualité : « bon état » ou « mauvais état ».

Les modalités de représentation de la classification de l’état chimique utilisent une grille de couleurs définie en annexes de l’arrêté du 28 juillet 2011.

2 classes pour les indicateurs chimiques

Bon

Mauvais

Nombre de données insuffisant

INCONNU

Substances chimiques suivies

Les substances prioritaires (ainsi que les substances « dangereuses prioritaires ») sont listées dans l’annexe X de la directive 2000/60/CE. Ces substances appartiennent à plusieurs familles de contaminants : métaux, pesticides, hydrocarbures, autres polluants organiques industriels.