Mise en oeuvre

Surveillance chimique dans les mollusques

De 1979 à 2002, les niveaux de présence des contaminants ont été mesurés quatre fois par an dans les moules ou les huîtres du littoral français. Cette fréquence a permis d'intégrer les variations saisonnières dues principalement au métabolisme des organismes (cf. édition 1991 du bulletin RNO, p. 29). A partir de 2003, les connaissances acquises sur ces variations pendant plus de vingt ans ont permis de réduire les fréquences à une fois par an, à l’automne pour les contaminants organiques et deux fois par an (en fin d’hiver et à l’automne) pour les métaux.

A partir de 2008, la prise en compte d’un volet sanitaire introduit des mesures de molécules organiques sur certains points collectés à la sortie de l’hiver, en plus des métaux.

Depuis 2017, un seul échantillon est collecté par point, sur environ 150 points, au mois de février. Les analyses réalisées sur chaque échantillon dépendent du programme d’analyse auquel l’échantillon est rattaché.

Les paramètres sont mesurés dans la chair de mollusque, en relation avec chaque programme d’analyse.

À partir de 2008, dans le cadre du ROCCH, le nombre de points a diminué d'environ un tiers et la liste des contaminants recherchés a été étendue à celle de la DCE.

Surveillance dans le sédiment

Pour une évaluation plus complète, les contaminants peuvent aussi être mesurés dans les sédiments. En fonction des vitesses de sédimentation, des remises en suspension, de la bioturbation, etc., le premier centimètre superficiel des sédiments peut intégrer plusieurs années de contamination. Dans ces conditions, il n’est pas nécessaire de revenir tous les ans sur un même lieu.

De 1993 à 2006, une campagne annuelle portant sur des secteurs différents chaque année était réalisée dans un cycle permettant de couvrir l'ensemble du littoral (côtes françaises de la Manche, la Mer du Nord, l’Atlantique et la Méditerranée) en dix ans. A partir de 2007, dans le cadre du ROCCH, les campagnes ont été concentrées dans un cycle de 6 ans, correspondant aux cycles des directives européennes (DCE et DCSMM).

Les échantillons de sédiment sont collectés généralement à partir d’un bateau, à l’aide d’un carottier – boîte permettant de prélever sans modifier l’organisation du sédiment. Seul le centimètre supérieur est échantillonné. Les contaminants recherchés sont les mêmes que dans les mollusques, accompagnés des paramètres descriptifs et normalisateurs propres à la matrice sédimentaire, tels que granulométrie, carbone organique, carbonates, aluminium, fer, lithium, manganèse.

A différentes reprises, jusqu'en 2006, des carottes profondes ont été prélevées sur quelques points sélectionnés et découpées en de nombreuses couches (horizons). L'analyse des contaminants dans chacun de ces horizons et leur datation permet de retracer l'historique de la contamination sur plusieurs dizaines d'années. Les résultats ont été présentés dans différents bulletin RNO (ancien nom du ROCCH) – édition 1998, 2001, 2005- disponible dans Archimer.

Surveillance des effets biologiques

Les effets biologiques d’un contaminant peuvent toucher à différents niveaux d'organisation biologique (cellule, individu, population, communauté, écosystème). Des recommandations de techniques appliquées à la surveillance d'effets biologiques sont formulées au niveau international. La Convention OSPAR a rendu obligatoire depuis 2003 le suivi des effets du TBT (tributylétain, entrant dans la composition des peintures antisalissures des navires et désormais interdit d'usage). Ces effets sont évalués par la mesure de l'imposex, indicateur de la masculinisation de femelles de gastéropodes du genre Nucella Lapillus (pour en savoir plus : bulletin RNO édition 2004 p11)

Assurance de qualité

Les analyses chimiques pratiquées actuellement dans le cadre du ROCCH, sont réalisées dans le respect des bonnes pratiques de laboratoires, vérifiées par un contrôle interne à partir d’étalons (étalons internes ou matériaux de référence certifiés) et par une évaluation externe à l’occasion d’essais interlaboratoires internationaux (QUASIMEME). Certaines analyses sont réalisées sous accréditation COFRAC, et dans le cadre d’un agrément du ministère de l’agriculture.

L’Ifremer est membre du consortium Aquaref, laboratoire de référence pour la surveillance des milieux aquatiques et contribue dans ce cadre à l’élaboration de recommandations pour la surveillance du milieu marin.

Amouroux Isabelle, Claisse Didier (2016). AQUAREF - Opérations d’échantillonnage en milieu marin dans le cadre des programmes de surveillance DCE (matrices : eau, sédiment et biote) - Recommandations techniques – Edition 2015. https://archimer.ifremer.fr/doc/00333/44380/