Augmentation de l’eutrophisation en baie de Vilaine
L’eutrophisation, qui se traduit notamment par le développement du phytoplancton, a augmenté en baie de Vilaine depuis les années 90. C’est la conclusion d’un article tout juste publié dans la revue Biogeosciences.
Le phytoplancton est le plancton végétal, c’est-à-dire l’ensemble des organismes végétaux vivant en suspension dans l’eau et se déplaçant au gré des courants marins. Un article scientifique publié cette semaine dans Biogeosciences montre que la biomasse de phytoplancton a augmenté en baie de Vilaine depuis les années 90, avec un maximum annuel qui s’est déplacé du printemps à l’été. Le développement du phytoplancton est une des manifestations de l’eutrophisation, qui peut se définir comme la réponse des écosystèmes aquatiques à des apports de nutriments. La baie de Vilaine fait partie des zones côtières les plus vulnérables à l’eutrophisation sur la façade atlantique, avec un confinement des eaux et un piégeage des nutriments apportés par les fleuves Loire et Vilaine.
Les principaux nutriments sont l’azote (dominé par les nitrates) et le phosphore (phosphates), issus essentiellement des activités humaines. Les bassins versants de la Loire et de la Vilaine sont notamment dominés par l’agriculture, source de pollution diffuse de nutriments. Les stratégies d’abattement des nutriments ont permis de réduire les concentrations de phosphore dans la Loire et la Vilaine, depuis les années 1990. Cependant, les concentrations d’azote n’ont diminué que légèrement dans la Vilaine et ont même augmenté dans la Loire en été. L’augmentation dans la Loire s’explique en partie par la durée de transition (jusqu’à 40 ans) des nitrates entre les sols agricoles et les fleuves, par l’intermédiaire des eaux souterraines. En moyenne, 30% des nitrates en baie de Vilaine sont issus de la Loire. Les nutriments proviennent également des sédiments dans lesquels ils se sont accumulés.
Plus d’eutrophisation l’été
Dans la zone côtière influencée par la Loire et la Vilaine, le phosphore est le premier nutriment limitant la production phytoplanctonique au printemps, alors que l’azote devient le premier nutriment limitant en période estivale. La baisse des rejets de phosphore a permis de limiter l’eutrophisation en période printanière. Cependant, l’augmentation des apports estivaux en azote par la Loire a entrainé l’accroissement de la biomasse phytoplanctonique estivale en baie de Vilaine. « Les proliférations d’été sont les plus problématiques pour l’environnement en raison de la diminution de la solubilité de l’oxygène dissous dans l’eau avec l’augmentation de la température », précise Philippe Souchu, co-auteur de l’article et chercheur au laboratoire Ifremer Environnement Ressources Morbihan – Pays de la Loire.
La publication s’appuie sur les résultats du REPHY (réseau de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines) opéré par l’Ifremer depuis 1984, et sur des analyses complémentaires dans le cadre du projet DIETE (Diagnostic étendu de l’eutrophisation dans le Mor Braz) qui se terminera en 2021.